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LES FEMMES ET LA FRANC-MAÇONERIE

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Depuis l'initiation de l'Irlandaise Mrs Aldworth en 1732, les femmes ne furent admises que progressivement dans la franc-maçonnerie, et de manières très diverses selon les époques et les pays. Encore une fois, la France fait exception en la matière.

Longtemps Interdite, l'initiation des femmes à la franc-maçonnerie est en passe de devenir un véritable phénomène. Aujourd'hui, les soeurs de Maria Deralsmes, première femme a avoir été initiée en 1882, ont, c'est le moins que l'on puisse dire, fait beaucoup de chemin depuis les loges d'adoption et les simulacres de rituels qui leur étaient accordés alors.

En effet, après avoir été exclues de la franc-maçonnerie, puis tolérées au sein de loges d'adoption, hiérarchiquement soumises aux ateliers masculins, dans lesquelles elles travaillaient à un ersatz de rituel au nom évocateur de "Dames rénovées", les femmes n'ont commencé à exister en maçonnerie qu'en 1893, avec la création de la première obédience mixte. Ce n'est finalement qu'à la Libération en 1945 qu'elles obtiennent l'indépendance tant attendue grâce à la création de la première obédience féminine. Ainsi, en initiant la prem1ère femme en 1892 et en donnant naissance à la prem1ère obédience mixte en 1893 et à la première obédience féminine en 1945, la France a encore une fois été novatrice et plutôt trois fois qu'une. Une gloire dont ne peut évidemment pas se targuer la franc-maçonnerie dite régulière dont la position toujours très machiste est pour le moins étonnante.

Ainsi, à l'inverse du reste du monde où la  franc-maçonnerie demeure très majoritairement masculine, la France fait encore une fois figure d'exception. D'ailleurs les chiffres à ce propos en disent long. Aujourd'hui on compte environ 30 000 soeurs sur les 120 000 francs-maçons français. Elles représentent donc environ 25% de la population maçonnique hexagonale, un pourcentage inimaginable hors de nos frontières, à part peut-être en Belgique où la situation, quoique moins marquée, se rapproche d'avantage de notre modèle que de celui des Anglo-saxons. Toutefois, plus encore que ce chiffre, aussi impressionnant soit-il, c'est bien la progression du nombre de femmes initiées à la franc-maçonnerie qui s'avère être le vrai phénomène. En trente ans, la proportion des femmes, pourtant si longtemps mépi1sées par les frères, a été multipliée par 2,5 passant de 10 % dans les années 1970 à 25% de nos jours. En d'autres termes, le nombre de soeurs a tout simplement progressé deux fois plus vite que celui des frères durant la même période, alors que leur présence est toujours interdite dans de nombreuses obédiences qui composent le paysage maçonnique français. Ainsi, les francs-maçonnes n'ont d'autre choix que de se répartir au sein de cinq obédiences dont deux sont exclusivement féminines et trois sont mixtes.

Vous l'aurez donc compris, la forte présence des femmes au sein de la franc-maçonnerie est une particularité bien française qui met en exergue le vent de tolérance qui souffle sur l'ensemble du paysage maçonnique français. En effet, si l'on associe généralement le libéralisme maçonnique au Grand Orient de France qui en est le leader au niveau mondial, le refus il y a quelques années du convent de l'obédience d'accepter l'affiliation de soeurs tend à prouver qu'il n'en existe pas qu'une seule forme. Au contraire, le visage polymorphe de la franc-maçonnerie française est à n'en pas douter la preuve que le libéralisme n'est pas un concept figé et centenaire défendu ou promu par une obédience, mats bien un état d'esprit toujours très vivant qui sied à merveille à l'ensemble de la franc-maçonnerie ou presque.

Par André Tourelles dans "Actualité de  l'Histoire", France, n. 9, Juin, 2012. p. 47. Numérisée, adapté et illustré par Leopoldo Costa.



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