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LA FACE CACHÉE DU VATICAN - 1500 ANS DE COMPLOTS ET DE MANIPULATIONS

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En 2012, la Cité du Vatican, plus petit Etat du monde (0,44 km2), a de nouveau fait la une des journaux. En mai, l’affaire Vatileaks révèle des centaines de documents ultraconfidentiels, dont le numéro de compte personnel de Benoît XVI ou des notes embarrassantes sur des scandales sexuels chez les Légionnaires du Christ. Et en juillet, un rapport du Conseil de l’Europe met en cause la transparence de la banque du Vatican, l’Institut des OEuvres religieuses, en soulignant des « transferts d’argent obscurs » et récurrents. Pour autant, ce n’est pas la première fois que le Vatican trempe dans des affaires louches. Sauf qu’autrefois, ce fut autrement plus grave, à la mesure de l’extraordinaire pouvoir dont jouissaient les papes. Le souverain pontife tint longtemps la dragée haute aux dirigeants les plus puissants d’Occident. Il pouvait excommunier des rois, en sacrer d’autres, lancer ses armées et ses inquisiteurs pour mater ses opposants.

POUR ÉMERGER FACE AUX PRINCES D'EUROPE 

Et aux évêques des grandes villes de l’Empire romain (Constantinople, Antioche, Jérusalem...), le saint-père ne faisait que se battre avec les mêmes armes que ses rivaux : coups bas, concessions politiques, supercheries, meurtres... Au XIV siècle, le philosophe Marsile de Padoue, excédé par les abus, compara d’ailleurs le pape au serpent de l’Eden ! «L’énorme Dragon, ou l’antique Serpent, celui que nous appelons le diable et Satan», écrit-il. Dante, dans sa Divine Comédie, faisait, lui, griller des porteurs de tiare dans les flammes de l’Enfer. Qu’avaient-ils donc fait, ces successeurs de saint Pierre, pour mériter une telle opprobre ?

1. MEURTRE AVEC PRÉMÉDITATION 

En 366, deux hommes sont en lice pour décrocher la tiare papale : Ursin et Damase.  Pas vraiment des enfants de choeur. Ils font campagne... à coups de poignard ! « |Leur| ardeur pour occuper le siège d’évêque dépassait toute ambition humaine, écrit l’historien Ammien Marcellin au IV siècle. Ils finirent par s’affronter comme deux partis politiques, ^ jusqu’au combat armé, avec morts et  blessés |...| Damase l’emporta à l’issue de nombreux affrontements ; dans la basilique de Sicinnio, où les chrétiens s’étaient réunis on dénombra 137 morts. (...] En effet une fois cette place (la papauté) atteinte, on jouit paisiblement d’une fortune assurée sont si récurrentes qu’en 1539, le philosophe florentin François Guichardin les dénonce rageusement : «Ne respirant que la guerre et le trouble, ils osèrent offrir le sacrifice de paix avec des mains dégoûtantes de sang, et tourner leurs armes contre leurs propres enfants», écrit-il.

2. TRAFIC D’INFLUENCE

La situation est très précaire pour le Vatican au VIIIe siècle. Les musulmans s’installent en Andalousie (l’émirat de Cordoue est fondé en 756) et les barbares lombards menacent de déferler sur Rome. Le Sénat romain -qui ne s’est plus réuni depuis 603 !- est devenu un simple conseil du pape. L’Eglise a réussi à absorber toutes les fonctions de l’Etat : le pape conseille les chefs militaires, dirige la défense de la ville, négocie trêves et traités. Depuis Grégoire le Grand (590-604), le saint-père contrôle le système «annonaire» qui permet de distribuer du blé aux habitants pauvres et aux réfugiés. Le Vatican, c'est le Conseil de sécurité de l’ONU et la Banque alimentaire réunis ! Pas question de céder la moindre parcelle de pouvoir aux ennemis lombards ou musulmans. Fin politique, Etienne II décide de se rapprocher du pire ennemi de ses ennemis : le roi franc Pépin le Bref. Le pape fait en plein hiver 753- 754 un voyage de près de 1 500 kilomètres, de Rome jusqu’au palais de Ponthion (Marne), pour consacrer le souverain barbare et ses deux fils (dont le futur Charlemagne). Pour Pépin, c’est une excellente affaire, car il récupère le soutien de l’influente communauté chrétienne de son royaume. Mais la faveur papale a un coût. Quand les Lombards encerclent Rome, Pépin doit les chasser d’Italie. Le marchandage ne s’arrête pas là: le roi doit céder l’intégralité des territoires reconquis à la papauté, c’est la donation de Pépin. C’est grâce à ce savant trafic d’influence que naît le Patrimoine de saint Pierre, dont est issu l’Etat actuel du Vatican.

3. FAUX ET USAGE DE FAUX

Au VIIIe siècle, le saint-père se retrouve donc à la tête d’un confortable domaine qui s’étend du sud de Venise au nord de Rome. Un territoire qui barre la botte italienne et attise les convoitises des Byzantins et des Lombards. Les Etats pontificaux sont menacés. Pour prouver leur présence légitime sur ces terres, les papes décident de frapper les esprits. Entre le VIIIe et le IXe siècle, ils sortent de leurs coffres poussiéreux un document d’une importance capitale : la donation de Constantin (Donatio Constantini). Officiellement daté de 324, le texte met une nouvelle fois en vedette Constantin. Il y est dit que l’empereur, après avoir persécuté les chrétiens, fut subitement frappé par la lèpre. Au comble du désespoir, il apprend qu’un seul homme peut le soulager: l’évêque de Rome, saint Sylvestre. Quelques jours plus tard, le pieux homme plonge le souverain dans l’eau bénite. «Une grande lumière IV l'environna, et il en sortit pur de tonte lèpre, et dit qu’il avait vu le Christ dans les deux», écrit Jacques de Voragine dans sa Légende dorée (XIII siècle). Constantin est guéri ! Un miracle qui tombe à point. Car en signe de reconnaissance, Constantin fait don à Sylvestre de Rome et de l’Italie. Il en fait aussi son alter ego spirituel : «De même que l’empereur de Rome, l’évêque de Rome serait le premier de l’empire, et commanderait à tous les évêques», poursuit de Voragine. En clair, le pape de Rome est l’égal des souverains les plus puissants d’Occident. Cette gentille légende fera office de droit de propriété jusqu’au XV siècle. Mais vient la Renaissance et son cortège de savants épris de vérité. Vers 1440, l’humaniste italien Lorenzo Valla réalise la première analyse critique de la Donatio et démontre qu’il s’agit d’une vaste supercherie. Il compare ce texte faussement daté du IV siècle à des archives de la même époque. Résultat : il constate de grossiers anachronismes. La toponymie, la langue latine, certaines anecdotes ne collent tout simplement pas ! C’est à ce jour l’un des faux les plus célèbres de l’Histoire.

4. DÉLIT DE FAVORITISME

Au Moyen Age, le pape est élu de façon «démocratique» et ouverte. Les candidats, prêtres, diacres ou laïques, se présentent face au peuple et au clergé romains, qui acclament leur favori. En pratique, c’est souvent le plus riche ou le plus fort qui l’emporte. Quand ce n’est pas tout simplement le fils du titulaire précédent... En 904, Serge III s’affiche sans vergogne au bras ce sa maîtresse, la jeune Marousie, 15 ans. Elle lui donne un fils, nommé Jean. Sa destinée est toute tracée : il sera pape, comme papa ! En 931, l’influente Marousie réussit à faire élire à la chaire de Pierre son fils, qui règne sous le nom de Jean XI. En réalité, c’est Marousie qui dirige vraiment Rome, à la place de son rejeton au caractère faible. Les chroniqueurs, choqués, parlent de favoritisme, de népotisme ou de «pornocratie» pour qualifier cette façon de gagner le pouvoir par le sexe. L’historien Giegoiovius (XIXe siècle) illustre à merveille ce concept : «Jean XI était le fils de cette Romaine de mauvaise réputation [...]. Elle était de fait la patronne temporelle de la ville et donnait à qui bon lui semblait le trône apostolique. » Son influence (elle verra aussi un de ses petits-fils coiffer la tiare) donnera naissance au mythe de la «papesse Jeanne». Cette légende apparaît dans une chronique de moines dominicains du XIII siècle. Une femme habillée en homme aurait dirigé l’Eglise peu avant l’an mil. Mais la supercherie est découverte lors d’une procession au cours de laquelle la papesse accouche en public. Depuis cette mésaventure, une rumeur affirme qu’on vérifie à la main le sexe des papes au cours du couronnement, grâce à des chaises percées...

5. DÉTOURNEMENT DE FONDS ET LUXURE

En 955, l’Antéchrist s’installe dans le temple de Dieu. C’est du moins ce que pensent les chroniqueurs de Jean XII, couronné « plus mauvais de tous les papes » par le théologien Bellarmin (XVIe siècle). Jean XII, petit-fils de Marousie, n’a alors que 18 ans. Un âge où l’on est plus porté sur les plaisirs de la chair que sur l’Ave Maria. Avec lui, c’est sexe et alcool à volonté. X Dans le palais du Latran, Jean XII entretient un harem de jeunes filles et de jeunes hommes prêts à satisfaire son moindre désir, dilapide au jeu les dons des pèlerins, nourrit ses 2 000 chevaux - un nombre sans doute exagéré parla légende- d’amandes et de figues trempées dans du vin», écrit le journaliste spécialiste du Vatican Corrado Augias. Pour assouvir ses fantasmes, Jean XII pioche allègrement dans la bourse des fidèles. Détournement de fonds caractérisé. En plus, il n’est pas très discret. Les détails de ses sauteries échauffent les oreilles de l’empereur germanique 0ltonI0r le Grand, qui adresse au «sainl- père » ces remontrances : « Tout le monde, religieux et laïques, accuse Sa Sainteté d’homicide, de parjure, de sacrilège, d’inceste avec les membres de Sa famille, y compris avec deux de Ses propres soeurs, et d’avoir invoqué Jupiter, Vénus et autres démons, comme un vrai païen.» Jean XII n’en a cure. Un beau jour, le pape, 27 ans, s’envoie au septième ciel avec la belle Stefanetta, une femme mariée. L’époux cocu déboule dans la chambre, surprend les amants, et jette Sa Sainteté par la fenêtre.

6. ABUS DE POUVOIR

Au XIe siècle, une question agite l’Occident chrétien : qui a le plus de pouvoir ? Le pape ou les rois et les empereurs ? Jusqu’ici, le «partage des tâches» était bien organisé. Aux hommes en soutane le pouvoir spirituel, c’est-à-dire la messe, la morale et l’influence sur les âmes. Aux princes, le pouvoir temporel : le gouvernement des hommes, les conquêtes, la fortune et parfois même la nomination des évêques, pour mieux les contrôler. « Depuis plusieurs siècles, les hommes d’Eglise ont pris de plus en plus d’importance sur le plan politique aussi bien que spirituel. Ils sont devenus conscients du fait qu'ils remplissent une mission spécifique pour ce qui est du salut des chrétiens, en particulier grâce à leurs prières et à l’administration des sacrements. Certains, comme le futur pape Grégoire VII, ne voient donc pas pourquoi ils seraient dominés par le pouvoir temporel», explique Patrick Henriet, historien et directeur de recherches à l’Ecole pratique des hautes études. Grégoire VII va en effet opérer une véritable révolution en 1075, en signant une série de documents appelés Dictatus papae. Tous les princes se doivent de lui baiser les pieds, lui seul peut déposer les empereurs et nommer les évêques, nul ne peut le juger, il décrète que les souverains pontifes accèdent quasi automatiquement à la sainteté. Le summum est atteint avec le 22 point de ce texte : x l'Eglise romaine n’a jamais fait de faute et n’en fera jamais pour l’éternité, selon les Saintes Écritures». Ainsi soit-il ! Voilà pour la théorie. Le Dictatus papae prend tout son sens quand éclate, en 1076, la querelle des investitures.

Henri IV, chef du Saint Empire romain germanique, fait partie de ces souverains qui nomment eux-mêmes les évêques. Grégoire VII enrage. Il excommunie l’empereur et le déclare déchu. Henri IV est mis au pied du mur : ce saint empereur, qui tient sa légitimité du fait qu’il est chrétien, voit ses vassaux se détourner de lui. Il doit ravaler son orgueil et faire amende honorable. Du 25 au 27 janvier, le souverain se rend donc à Canossa, dans le nord de l’Italie où réside temporairement le vicaire du Christ. Grégoire VII, implacable, le fait attendre trois jours durant dans la neige et le froid ! Il le reçoit finalement, le fait s’agenouiller devant lui, puis le réintègre dans la communauté des fidèles. L’expression t aller à Canossa » est synonyme depuis lors de capitulation humiliante. La méthode autoritaire de Grégoire VII a choqué nombre de ses contemporains, dont des hommes d’Eglise. «Certains clercs, qui ne voyaient pas le mal d’être choisis et investis par un souverain, ont accusé le pape d’abus de pouvoir. Des théologiens et des hommes d’Eglise n’ont pas hésité à écrire des textes critiquant ce pontife révolutionnaire à qui l’on devait de nouvelles guerres», explique Patrick Henriet.

7.  CORRUPTION ET TRAFIC D'ÂMES

En 1507, Jules II promulgue la bulle Salvator noster par laquelle il annonce l’octroi d’indulgences aux croyants qui font un don. Cet étrange marchandage [un peu d’argent contre un bon point dans l’au-delà) est présenté comme un « commerce sacré». Les fidèles donnent en masse, et leur pieuse obole sert à payer les intérêts exigés par les banquiers du Vatican ou à rénover les bâtiments rie la Cité. Cette campagne de dons scandalise un théologien rigoriste d’Allemagne : Martin Luther. A la veille de la Toussaint 1517, il placarde à la porte du château de Wittenberg ses 95 thèses, qui dénoncent la corruption de l’Eglise et l’odieux commerce des indulgences. «Pourquoi le pape, plus riche que Crassus, ne paie pas de sa propre poche les travaux pour l’église de Saint-Pierre au lieu de la faire construire grâce à l’obole des pauvres croyants ?» accuse-t-il avec rage. Le scandale aboutit à la création de la religion réformée en 1520...

VADE RETRO SATANAS ! 

Corruption, hypocrisie, orgueil, débauche... Tous ces crimes envisagés à des siècles de distance ne doivent pas cependant faire oublier le contexte du Moyen Age. Dans une Europe où la loi du plus fort s’impose, les papes sont entourés de puissants empires qui ont volontiers recours à la violence. Ils ne font finalement qu’appliquer la loi biblique du talion : «OEil pour oeil, dent pour dent.»

Quant aux fastes de la papauté, ils sont à rapprocher des extravagances des monarques. A l’image, par exemple, de François Ier à Chambord. Il faut noter que, sans la politique de mécénat et les grandes collections d’art papales, les oeuvres de Raphaël, Michel-Ange, Poussin ou Titien n’orneraient pas les cimaises de nos musées... A partir du XVIe siècle, l’autorité spirituelle du saint- père est sur le déclin. Quant à son pouvoir temporel, il ne dépasse guère le diocèse de Rome. Les attaques pleuvent : protestantisme, antipapes, critiques des Lumières, montée du sentiment laïc ! Le pape est hagard. A la Révolution, les sans-culottes saccagent les églises, jettent les saints de leurs piédestaux. Napoléon porte le coup fatal en 1809, quand il déclare la fin du pouvoir temporel du souverain pontife en même temps que l’annexion des territoires pontificaux. Au XXe siècle, l’Eglise fait à nouveau polémique à plusieurs reprises, notamment lorsqu’elle signe un traité avec Mussolini (accords du Latran), un autre avec les nazis (concordat avec l’Allemagne en 1933), mais reste désespérément muette sur la Shoah...

En 1962, le concile Vatican II signe une véritable révolution : abandon de la messe en latin, reconnaissance de la liberté de religion, dialogue avec les autres religions, condamnation de l’an- risémirisme. Tandis que sur le plan international, la politique extérieure du Vatican se résume essentiellement à des appels à la paix. Les papes ont définitivement abandonné toute revendication au pouvoir temporel.

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LE BEST OF DES PAPES

1. LE PREMIER

Pierre (??-64)

Au début de sa vie, ce pêcheur de Galilée s'appelle Simon. Un jour, i! rencontre un homme qui lui promet une « pêche miraculeuse » : Jésus. Simon suit le prophète, qui le rebaptise Képhas (roc, en araméen), transcrit Petrus (pierre, en latin). Après la Résurrection, il parcourt l'Asie Mineure, fonde l'Eglise d’Antioche puis celle de Rome en 43. Il est arrêté en 64. Crucifié, il aurait été inhumé sur la colline du Vatican.

2. LE PLUS ADULÉ 

Léon Le Grand  (440-461)

Au V siècle, l’Europe est secouée par les invasions barbares. Rome, où les réfugiés affluent en nombre, est menacée. En 452, à Mantoue, Léon rencontre Attila, le chef des Huns. Il le convainc de se détourner de l'Urbs, moyennant le versement d’un tribut. Léon en tire un immense prestige. C'est le seul pape à avoir reçu le titre de «Grand»

3. LE PLUS CONTESTÉ

Léon lll (795-816)

Ce pape d’extraction modeste est la bête noire de la bourgeoisie de Rome. Il se cherche un protecteur en la personne de Charlemagne. Les Romains n’apprécient pas. En 799, lors d'une procession, il est jeté à bas de son cheval, enfermé dans un couvent. On parle de lui crever les yeux et lui couper la langue ! Il s’enfuit et demande assistance au grand roi. En retour, il sacre Charlemagne le jour de Noël de l’an 800.

4. LE PLUS MACABRE 

Formose (891-890

Ce pape a combattu, via ses alliés, le maître de l’Italie Guy de Spolète, contestant sa puissance. Mal lui en prit ! Peu après la mort de Formose, en 896, le nouveau pape Etienne VI décide de venger Guy de Spolète et ordonne que le macchabée soit déterré pour être jugé ! Le corps est dépouillé des insignes de la charge apostolique et livré au peuple.

5. LE PLUS ÉRUDIT 

Sylvestre II (999-1003)

Avant d'être pape, Gerbert d’Aurillac a étudié la philosophie grecque dans les abbayes catalanes. Il se serait aussi rendu à Cordoue, alors musulmane, d'où il rapporte l’astrolabe et les chiffres arabes. Aussi bricoleur qu'intello, il a construit des instruments pour illustrer ses théories devant ses étudiants : un abaque, de sphères célestes, et peut-être des orgues.

6. LE PLUS EPHEMERE 

Urbain VII (1590)

Son pontificat a duré treize jours ! A peine élu, le 15 septembre, il veut renouer avec l’idéal de pauvreté de l'Eglise. Le lendemain, il fait distribuer de l'argent dans les faubourgs et ordonne aux boulangers de vendre des pains plus gros et moins chers, en promettant d’indemniser leurs pertes. Il interdit le tabac et défend aux chambellans de porter de la soie. Atteint de paludisme, il est rappelé à Dieu le 27 septembre 1590.

L'ÉLECTION PAS TRÈS CLAIRE DE RODRIGO BORGIA 

A l’origine, les papes sont élus par l'acclamation du clergé et du peuple romain. Une méthode très artisanale qui ne prémunit pas contre l’achat des voix. En 1274, Grégoire X vient mettre de l'ordre dans le mode d’élection en instituant le conclave, du latin cum (avec) et davis (clé), «sous clé». Concrètement, dix jours après le décès d’un pape, les cardinaux sont enfermés dans une pièce, avec un seul domestique et sans contact avec l’extérieur. Au bout de huit jours, s’ils n'ont pas élu de nouveau pontife, leur alimentation est réduite et leurs revenus sont suspendus.

Draconien, mais inefficace 

 Le plus mafieux des papes est élu deux cents ans plus tard grâce à ce système. En août 1492, le Sacré Collège se réunit en conclave dans la chapelle Six- tine après la mort d’InnocentVI II. Les factions de cardinaux se toisent et aiguisent leurs tactiques. 11 faut à la fois jouer sur les accointances nationales (Français, Italiens et Espagnols dominent le collège) et les liens familiaux. Car les papes successifs se sont arrangés pour nommer cardinaux des membres de leur famille. Les jeux semblent faits. Mais c’est compter sans Rodrigo Borgia, un outsider rondouillard de 61 ans, qui se tient en embuscade. Méprisé par les Italiens, il a peu de chances d’obtenir les 15 voix sur 23 nécessaires à son élection. Mais Rodrigo promet à l’un de ses rivaux le don de la vice-chan- cellerie, sorte de papauté bis, et d'un somptueux palais. Ses fidèles auront des places fortes, des évêchés, des abbayes...

A l’aube du sixième jour, le « miracle » se produit. Rodrigo Borgia triomphe, fort de 15 voix dont la sienne ! La fumée blanche s’échappe de la chapelle Sixtine et annonce son élection. Il prend le nom d'Alexandre VI.

Dossier réalisé par Cyrielle Le Moigne-Tolba avec Brigitte Dyan dans "Ça M'Intéresse - Histoire", France, Janvier-Février, 2013, Nº 16, pp.20-23. Numérisée, adapté et illustré par Leopoldo Costa.


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